Somewhere over the black rainbow
Punie par son inconséquente gourmandise,
Dothy-la-souris n’a pas pu ressortir de la grande poubelle
qui réunit nos sachets d’ordures sous l’appentis de l’atelier.
On sent dans son attitude la déception et le découragement.
On sent aussi la décomposition en ouvrant la poubelle :
petit corps, grande odeur.
Mais où ai-je donc déjà vu ce genre de concentrisme ?
Dans notre chambre, pardi !
De la campagne (au fond de la poubelle) à la ville (dans la chambre des parents)
en passant par la Metro Golwyn Mayer (Victor Fleming "Le magicien d'Oz" 1939).
La tête de l’Organe n°8
To be then not to be
Je me suis toujours interrogée sur les cadavres des grands animaux de la forêt.
Crâne de chevreuil.
Où meurent les cerfs et les sangliers ?
Que deviennent ces gros corps en décomposition qui doivent vite atrocement puer ?
Je ne suis jamais tombée sur un corps lors de mes errements en forêt.
A peine sur quelques menus ossements...
Pourtant : ni hyène ni vautour.
Quel charognard pour faire disparaître ces kilos de chair, cette peau épaisse, tout ce sang ?
Des bois dans les bois
C’est la saison des mues chez les cerfs.
Je fouille fébrilement les alentours espérant découvrir l’autre bois,
celui qui déséquilibre l’animal qui cherche alors à le faire tomber à son tour.
Mais sans succès.
J’en ai trouvé deux beaux et beaucoup de vieux à moitié rongés.
Les beaux s'enlacent sur la fenêtre haute du séjour
tandis que les vilains s'accrochent à la façade du fournil.
Zone d’amazones amassées
Sculptures
J’ai eu une période guerrière
au cours de laquelle j’ai fébrilement composé 25 individus primitifs,
tous selon un schéma assez proche.
Toute la troupe est maintenant au garde-à-vous à la campagne,
dans le cabinet de curiosités, sous les toits.
Armée fantôme assaillie par les araignées.
assemblage collé-cloué de bois flotté et brou de noix
Godillots
Abandonnée dans une remise de la maison de campagne,
une paire de vieux godillots qui semblent encore occupés.
Bon sang mais c'est bien sûr !
Hélène a raison qui dans son commentaire me rappelle Van Gogh et ses "Souliers"
"Dans l'obscure intimité du creux de la chaussure est inscrite la fatigue des pas du labeur. Dans la rude et solide pesanteur du soulier est affermie la lente et opiniâtre foulée à travers champs, le long des sillons toujours semblables, s'étendant au loin sous la bise. Le cuir est marqué par la terre grasse et humide. Par-dessous les semelles s'étend la solitude du chemin de campagne qui se perd dans le soir. A travers ces chaussures passe l'appel silencieux de la terre, son don tacite du grain mûrissant, son secret refus d'elle-même dans l'aride jachère du champ hivernal. À travers ce produit repasse la muette inquiétude pour la sûreté du pain, la joie silencieuse de survivre à nouveau au besoin, l'angoisse de la naissance imminente, le frémissement sous la mort qui menace."
Heidegger "Chemins qui ne mènent nulle part"