juste sous la fenêtre de la chambre rouge de notre maison de campagne
une gros nid avec un petit merle très agité
comme j'ai peur que, surpris par notre présence et l'ouverture des volets,
ses parents l'aient abandonné
je le nourris de mie de brioche trempée qu'il avale goulûment
comme j'ai peur du coup de chaud lors de ce samedi caniculaire
je l'abrite d'une plaque cartonnée pour lui faire de l'ombre et je le brumise
comme je constate que ses parents s'en occupent, je le laisse tranquille
mais le lundi le nid est vide !
alerte : je dévale les escaliers pour fouiller le parterre
et fini par le retrouver tapi sous les feuillages amollis des jonquilles
n'écoutant que mon amour maternel
je le prends pour le remonter dans son nid : il peste, hurle, se débat
je le repose avec délicatesse dans son nid
d'où à mon grand effroi il se jette de nouveau dans le vide comme un fou furieux
passant comme une pierre à travers les branchages du rosier de la façade
je cours en bas et le retrouve : il n'a pas l'air commode
je pense au film le plus dingue de Polanski, "Le locataire", où un paranoïaque suicidaire
(et persévérant) se relève d'une 1ère défenestration qui l'a juste affreusement blessé,
et, devant son voisinage atterré, remonte chez lui se jeter une 2e fois par la fenêtre
j'entoure la place d'un grillage à larges trous
pour lui éviter la chatte des voisins, grande championne de chasse à l'affût,
mais il est décidément ingérable et passe par les mailles,
se faufile dans les broussailles en piaillant
(ma parole il veut vraiment se faire repérer par les prédateurs !)
plus tard dans la journée je le perds de vue et m'en désole
en retrouvant la ville et internet
j'apprends que le jeune merle quitte le nid avant de savoir voler
et survit (avec un peu de chance) au sol nourri par ses parents, voletant ça et là
il a du maudire mon ignorance qui l'a obligé à se dénider violemment une seconde fois